une nuit de terreur à Mangajou. Et toujours la même absence de cap.
Ce dimanche 20 novembre, vers 21h, Mangajou a vécu l’une des nuits les plus violentes de ces dernieres années. Un groupe de jeunes délinquants a pénétré dans le village et mis le feu à quatre véhicules au niveau de la place Manzaraka. Des dizaines d’autres voitures ont vu leurs vitres brisées. Les images, diffusées sur les réseaux sociaux, sont insoutenables : flammes, cris, chaos. Un village entier plongé dans la terreur.
Six riverains ont été blessés en tentant de défendre leur quartier. Blessures à la machette, jets de pierres, affrontements pour empêcher que d’autres véhicules ne soient détruits. Un jeune identifié comme pouvant reconnaître certains agresseurs a même reçu des menaces directes : une tentative d’intimidation claire, dans un contexte où la violence ne cherche plus seulement à dégrader, mais à terroriser. Certains habitants utilisent le mot “terreur” pour décrire ce qu’ils ont vécu. Leur ressenti doit être entendu.
Ce drame n’est pas isolé. Depuis plusieurs semaines, Mangajou subit des intrusions d’individus venus de l’extérieur. Chaque manzaraka, chaque dahira, chaque événement public devient une opportunité pour des groupes de s’infiltrer, casser, effrayer, dégrader. Déjà, des voitures avaient été vandalisées. Le samedi précédent, une agression à Mlimani en pleine après-midi avait été rapportée par des témoins. Le climat se dégrade, et personne ne semble avoir repris la main.
Ce lundi matin, les habitants ont bloqué les routes. Pas pour “faire un coup”, mais parce qu’ils n’ont plus d’autre moyen d’être entendus : dénoncer l’insécurité, réclamer l’arrestation des agresseurs identifiés, exiger le décasage des constructions informelles qui servent de points de repli et d’abri. Dans ces zones, les difficultés d’accès sont telles que même les forces de l’ordre y arrivent difficilement. On y pénètre souvent à pied, par des chemins que les habitants connaissent mieux que les gendarmes eux-mêmes. Cet enclavement offre un avantage tactique évident aux délinquants : ils circulent, disparaissent, se regroupent dans des endroits où la puissance publique n’a plus de prise. Plus un quartier est laissé à l’abandon, plus il devient un refuge.
Les élus sont venus le lendemain. Non par alerte immédiate, mais parce que le blocage des routes les y a contraints. Leur présence tardive n’a pas apaisé. Aucune proposition concrète, aucune décision forte. Seule idée avancée : renforcer ponctuellement le nombre de gendarmes. Le maire, lui, était absent, en déplacement au congrès des maires en métropole. Pendant ce temps, Mangajou était livrée à elle-même.
À ces violences, s’ajoute un autre problème profond : une politique d’accueil menée sans contrôle, qui crée un appel d’air. Les riverains le disent : chaque jour, de nouveaux visages apparaissent dans les foules, et certains de ces individus reviennent ensuite pour semer la zizanie. La commune perd sa tranquillité parce qu’elle ne maîtrise plus son territoire.
Je le répète depuis longtemps : l’enclavement crée l’insécurité. Obscurité, chemins dangereux, zones non aménagées, voiries inexistantes : tout cela sert de refuge à ceux qui cherchent l’impunité. L’insécurité n’est pas un mystère. Elle est la conséquence directe de ce que la municipalité a trop longtemps négligé.
Face à cela, ma vision est claire : un maire n’abandonne jamais sa population quand elle a peur.
Ma méthode repose sur trois axes concrets :
1. Rétablir l’autorité communale
– Présence systématique des élus sur place en cas d’incident.
– Armement, formation et montée en compétence de la police municipale.
– Rallongement des horaires d’intervention de la police municipale.
– Renforcement de la coordination avec les forces de l’ordre.
2. Démanteler les zones de repli par l’aménagement
– Rétablir l’éclairage public détruit.
– Installer la vidéoprotection dans les zones sensibles.
– Ouvrir les routes enclavées (Domoeli → Manga Bandra → Bibliothèque, Cavani → Mangajou, Hanyakawe), pour casser les points d’accès difficiles et empêcher les délinquants d’utiliser les quartiers informels comme base arrière.
– démanteler les quartiers informels.
3. Encadrer la jeunesse et maîtriser l’accueil
– Une politique jeunesse forte, pour sortir les jeunes de l’errance.
– Mettre fin aux installations anarchiques.
– Reprendre le contrôle du territoire pour garantir la paix publique.
– Contrôler la véracité des attestations d’hébergement fournis. Chaque personne fournissant une attestation doit se présenter avec son hébergeur.
La nuit de Mangajou n’est pas un accident. C’est le symptôme d’une commune qui, faute d’une stratégie claire et d’une présence réelle, s’abîme dans un cycle de peur et d’abandon.
Dans la foulée des violences, une dizaine d’arrestations ont eu lieu. C’est une étape nécessaire, mais ce n’est qu’un début. Le calme doit maintenant revenir dans la commune, sans jamais tomber dans l’illusion que tout est réglé. La population doit pouvoir respirer, mais les autorités doivent rester en alerte : vigilance renforcée, présence accrue sur le terrain, et suivi rigoureux des individus interpellés. Sada ne peut plus se contenter d’éteindre les incendies après coup. Elle doit prévenir, protéger et reprendre le contrôle durablement.
Une commune qui n’assure plus la sécurité n’assure plus rien.
Osons dire les choses. Osons rétablir la paix. Osons demain.
Chaharmane Houlame

