Manga Bandra – Doujani Bibliothèque : quand l’abandon devient une réalité quotidienne. Osons changer de cap.

Dans les quartier de Manga Bandra et dans les hauteurs de Doujani Bibliothèque, l’état des accès n’est plus un simple problème technique : c’est un marqueur d’abandon. Un chemin qui se transforme en bourbier dès la moindre pluie, une pente glissante où les pieds s’enfoncent dans la boue, une “piste” si étroite que même les secours refusent de l’emprunter. Les habitants vivent hors de toute considération publique, comme si leurs besoins ne faisaient pas partie du Sada d’aujourd’hui.

Parmi les témoignages qui nous avons reçus lors d’une rencontre avec les riverains, celui d’une mère résume la situation : chaque matin de pluie, elle hésite à envoyer ses enfants à l’école. Le chemin qu’ils doivent emprunter est un étroit couloir de terre où elle a déjà glissé en portant son enfant. Elle sait que le moindre faux pas peut blesser, salir, effrayer. Certains jours, elle renonce à envoyer ses enfants à l’école ; non par confort, mais par peur. C’est à peine croyable ! À Sada, en 2025, des enfants manquent l’école parce que le chemin pour y parvenir est impracticable. C’est une rupture d’égalité flagrante, une injustice qui s’enracine dans la terre boueuse que personne ne vient stabiliser.

Ce manque d’accès n’est pas seulement un handicap du quotidien : il met en danger. Les riverains ont évoqué le coeur lourd le drame d’un homme mort au pied de l’ambulance parce que les secours n’ont pas pu atteindre sa zone de résidence. L’absence de route est devenue un obstacle vital. Les personnes âgées en sont les premières victimes : marcher sur ces sentiers, surtout après la pluie, relève du parcours risqué. Et pour les secours, chaque minute perdue est une chance en moins.

La municipalité actuelle avait pourtant promis d’agir. Lors d’une réunion avec les habitants, le maire s’était engagé à faire passer un bulldozer pour ouvrir une piste en partant de Sotraba, jusqu’au coeur du quartier Manga Bandra, à charge pour les riverains de se cotiser pour bétonner eux-mêmes. Une promesse orale, sans calendrier, sans suivi, sans résultat. Rien n’a été fait. Certains habitants parlent de routes « inexistantes », d’autres de projets « fantômes ». Dans tous les cas, la réalité est la même : la voie annoncée n’a pas été ouverte.

Pendant ce temps, la fiscalité locale reste lourde. Plus de 30 % de taxe foncière en 2021, légèrement réduite mais toujours trop élevée compte tenu de la faiblesse des services rendus. Beaucoup le disent : « Nous payons comme si nous étions dans une commune moderne, mais nous vivons comme si nous étions en marge. » Peu de services publics, des quartiers enclavés, une insalubrité grandissante… À Doujani, la rue de la Bibliothèque est jonchée de voitures hors service, abandonnées. Cela donne le sentiment d’un quartier laissé à lui-même, délaissé tant dans son aménagement que dans sa dignité.

Les conséquences se voient, se vivent, s’accumulent : scolarité perturbée, impossibilité pour les secours d’accéder, sentiment d’être oubliés, isolement des logements existants. Une dame a résumé la colère générale en une seule phrase :

« À quoi sert de promettre 400 logements ? Que ferions-nous de 400 logements si nous ne sommes même pas capables d’améliorer la vie des habitations qui existent déjà ? »

Dans ce contexte, la vision de Chaharmane Houlame est nette : restaurer la justice territoriale en commençant par les routes qui auraient dû être réalisées depuis longtemps. Il s’engage à tenir ce que d’autres ont promis sans jamais oser. Cela passe par l’ouverture d’une véritable voie partant de Sotraba, rejoignant la rue de la bibliothèque, en passant par Manga Bandra. Cela inclut également la route à Mangajou depuis les hauteurs de Cavani jusque vers le lotissement de Mangajou, et l’axe de Hamzimambe, pour ne citer que ceux-là. Toutes ces voies auraient un effet immédiat : désenclaver les habitations, permettre l’accès des secours, faciliter l’acheminement des matériaux et fluidifier enfin la circulation dans une commune où le stationnement et les trajets du quotidien sont devenus un casse-tête permanent.

Il ne s’agit pas de promesses vagues. Il s’agit d’un programme qui répond à une urgence : rétablir l’accès, la sécurité, et la dignité là où l’inaction a creusé un fossé.

Et la vérité est simple : à Sada, on ne peut plus parler de développement tant que des quartiers entiers doivent choisir entre sécurité et dignité.

Osons changer cela. Osons réparer ce qui aurait dû être fait depuis longtemps.
Osons demain.

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une nuit de terreur à Mangajou. Et toujours la même absence de cap.